Le centre d’analyses stratégiques ( http://www.strategie.gouv.fr/ ) est une institution créée en 2006. Sa mission est de conseiller le premier ministre ainsi que le gouvernement « … dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économiques, sociale, environnementale ou technologique. »
Le 28 août 2011, le CAS ( Centre d’Analyses Stratégiques) publie le rapport sur les « technologies compétitives au service du développement durable ». Il s’agit d’un rapport très complet qui couvre de nombreux aspects de l’économie Française incluant l’énergie, les transports, le bâtiment ainsi que les technologies transverses. Ce rapport est donc supposé, en toute objectivité, analyser l’état actuel de nos connaissances technologiques, des possibles avancées, des enjeux et émettre un avis prospectif et objectif permettant d’orienter l’action du gouvernement.
Or, sur la question du transport terrestre à grande vitesse, le principe d’objectivité semble battu en brèche.
DES STRATEGIES « ORIENTEES » : L’exemple du ferroviaire à grande vitesse.
En page 283 du rapport, le CAS pense que la vitesse des trains à grande vitesse devrait passer à 500 km / h. Cependant, l’argumentation accumule tant d’erreurs qu’il se dégage du propos un fort sentiment de parti pris : En page 284, le rapporteur évoque le coût prohibitif du train à lévitation magnétique « Transrapid ». Le prix au kilomètre de voie « magnétique » se place à 32.1 millions d’Euros le Km quand celle d’un TGV se place à 16.5 Millions d’Euros. Première erreur : Le rapport compare un système capable d’évoluer à 500 km/H avec un autre qui se limite à 320 Km / H. Preuve en est que, sur la même page il est écrit que les voies ferroviaires à 500 km/H seraient posées sur une dalle béton et que « … ce type de voie coûte plus cher à la construction qu’une voie sur ballast et qu’elle nécessite une haute technicité de pose… ».
L’argument comparatif ne tient pas.
Toujours sur le même sujet, le rapporteur vante le fait que les voies béton peuvent durer 100 ans. Par conséquent un TGV à 500 Km / H sur de telles voies serait opérationnel au-delà de l’an 2100. Dans le même temps, le rapport dit que les progrès technologiques permettront certainement l’émergence de voies « sustentation magnétiques » aux alentours de l’an 2050. Par conséquent, un projet de « Super-TGV » à 500KM/H à l’horizon 2020, serait obsolète 30 ans après sa mise en service ?
Sur cette seule thématique, le propos enchaine contre sens sur incohérences… Faut-il donc prouver à tout prix que le TGV est une bonne solution ?
DES STRATEGIES CONVENTIONNELLES : Pour ne rien changer !
Sur le seul sujet du ferroviaire à grande vitesse, le rapport n’a rien de stratégique. Il n’y aucune vue globale, aucune mise en perspective : Il s’agit tout au plus de promouvoir une technologie existante depuis 40 ans en poussant cette dernière dans ses retranchements physiques. Et pourtant , il serait bon de rappeler ici que :
- Le Transrapid est un produit quasiment mûr qui n’utilise pas des supraconducteurs à basse température.
- Le Transrapid est en train de « pourrir » sur sa base Allemande tandis que Pékin prévoie le déploiement d’une extrapolation locale (ligne S1).
- Le Transrapid, correctement travaillé au niveau européen peut être au rail ce qu’airbus est aux airs.
Enfin, il serait bon de rappeler que la France détient toujours un savoir-faire sur la sustentation pneumatique de l’Aérotrain) et qu’il conviendrait peut être de se pencher sur la question. Cela est d’autant plus vrai qu’une voie d’aérotrain à 500 km/H double coûte de l’ordre de 3 à 4 millions d’euros le kilomètre ( contre 3 fois plus pour une ligne TGV à 350 km/H).
Comment prétendre à l’innovation si les considérations stratégiques sont élaborées par des penseurs des « technologies conventionnelles » ?
Sources : "Rapport sur les technologiescompétitives au service du dévelopement durable" : http://www.strategie.gouv.fr/content/des-technologies-competitives-au-service-du-developpement-durable-note-danalyse-276-aout-201.