Budget 2026 : la droite gagne, le gouvernement en difficulté
Lorsque Sébastien Lecornu, Premier ministre a ouvert les travaux du budget 2026Assemblée nationale à Paris, il ne se doutait pas que les débats alleraient se suspendre jusqu’au 27 octobre. Après deux journées d’échanges intenses les 24 et 25 octobre 2025, le Parlement a finalement décidé de mettre le projet de finances sur pause, laissant le gouvernement sous pression et la droite en pleine offensive.
Contexte politique et calendrier budgétaire
Le Projet de loi de finances 2026Assemblée nationale devait initialement être adopté avant la fin de l’année pour respecter le cadre constitutionnel. Or, un climat de tension persiste depuis la motion de censure du 4 décembre 2024, qui a contraint la démission du précédent Premier ministre Michel Barnier. Le gouvernement Lecornu doit donc jongler entre les exigences des socialistes, qui réclament davantage de justice fiscale, et les ambitions de la droite républicaine, qui veut alléger les impôts.
Déroulement des débats du 24-25 octobre 2025
Le vendredi 24 octobre, Amélie de Montchalin, ministre du Budget a exposé les grandes lignes du plan : un déficit prévu de 5,4 % du PIB en 2025, une hausse de 6,7 milliards d’euros (soit 0,2 point de PIB) pour le budget des armées, et un renforcement des moyens de la justice et de l’intérieur. Elle a rappelé que le gouvernement visait la transparence et le respect du plafond d’endettement fixé par l’UE.
Le lendemain, la discussion s’est fragilisée autour de la « taxe Zucman », une proposition visant les très hautes fortunes. Le texte n’a même pas été introduit, faute de temps. Les députés se sont alors concentrés sur deux amendements déposés par le groupe Droite républicaine.
Les coups de maître de la droite
Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine, a célébré deux succès majeurs :
- La suppression du gel du barème de l’impôt sur le revenu, ce qui permettra aux contribuables de bénéficier d’une progressivité retrouvée.
- La suppression du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires, un gain estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros pour les salariés travaillant au-delà de la durée légale.
« Notre travail est de faire sauter toutes les taxes et toutes les augmentations d’impôt de ce budget », a-t-il déclaré dans la salle des Quatre‑Colonnes, avant d’ajouter que les LR n’étaient pas « otages du Parti socialiste ». Les déclarations de Wauquiez ont eu un résonnement immédiat dans les rangs de la droite, qui se voit offrir un premier souffle d’espoir avant le vote final du 4 novembre.
Les réponses du gouvernement et du Sénat
Le Premier ministre, sous le feu des critiques, a insisté sur le besoin de financer la défense et la sécurité intérieure. « Nous devons investir dans notre souveraineté, même si cela signifie un léger creusement du déficit », a-t-il souligné. De son côté, Gérard Larcher, président du Sénat, a menacé de rétablir la réforme des retraites si l’Assemblée décidait de suspendre l’examen. Il a également insisté sur la nécessité de « mobiliser les richesses privées, en particulier celles des ultrariches, qui échappent très largement à l’impôt ».
Les socialistes, quant à eux, ont rappelé que le gouvernement devait faire face à l’augmentation des inégalités et a proposé la mise en place d’une fiscalité plus progressive. Le député Nicolas Sansu a même lancé un ton sarcastique : « On leur dira que vous taxez les apprentis ! », tandis que René Pilato a conclu que « nous avons perdu une année ».
Implications pour les finances publiques
Les chiffres officiels du 31 août 2025 montrent que les recettes du budget général s’élevaient à 216,3 milliards d’euros, soit une hausse de 5,4 % par rapport à l’an passé. Cependant, la suspension du débat sur la taxation des hauts patrimoines risque de freiner les recettes additionnelles attendues. Si le Sénat reprend le projet avec une réforme des retraites, le déficit pourrait grimper au-delà des 5,4 % visés.
En pratique, les deux amendements de la droite devraient alléger la pression fiscale sur les ménages moyens, mais ils n’apportent qu’une petite marge de manœuvre dans le cadre global du budget. Le vrai défi restera de financer les 6,7 milliards d’euros supplémentaires destinés à la défense tout en respectant les engagements européens.
Questions fréquentes
Comment la suspension des débats impacte-t-elle les contribuables?
La suspension signifie que les mesures fiscales prévues – comme la taxe Zucman – sont reportées. À court terme, les contribuables ne verront pas de hausse d’impôt, mais le report risque d’alourdir les déficits futurs, ce qui pourrait entraîner d’autres hausses ou des coupes budgétaires.
Quelles sont les chances que le Sénat impose la réforme des retraites?
Gérard Larcher a clairement indiqué que le Sénat agirait si l’Assemblée suspendait le budget. La probabilité est élevée, surtout si les négociations restent bloquées sur la fiscalité des fortunes, car le Sénat veut sécuriser les recettes de la sécurité sociale.
Quel est le rôle de la droite républicaine dans ce débat?
Le groupe LR, mené par Laurent Wauquiez, a introduit et fait adopter deux amendements clés visant à alléger l’impôt sur le revenu et à supprimer le plafond de défiscalisation des heures supplémentaires, marquant une première victoire dans un contexte budgétaire tendu.
Quel est le calendrier prévu pour le vote final du budget?
Après la suspension, le texte devrait reprendre les débats le 27 octobre, avec un vote solennel sur la partie recettes prévu le 4 novembre 2025. Des ajustements restent possibles jusqu’à la clôture du processus législatif en décembre.
Comment ces débats s’inscrivent-ils dans la trajectoire économique française?
Ils reflètent la tension entre la nécessité de financer la défense et la sécurité, et les pressions pour plus d’équité fiscale. La trajectoire du déficit public, déjà proche de 5,4 % du PIB, sera déterminante pour la crédibilité de la France auprès des marchés et de l’Union européenne.