Jordan Bardella enfariné à Vesoul : un lycéen de 17 ans en garde à vue
À 17h30, le 25 novembre 2025, Jordan Bardella, président du Rassemblement National et député européen, marchait entre les étals de la Foire de la Sainte-CatherineVesoul quand un paquet entier de farine lui a été lancé en pleine figure. L’attaque, filmée par plusieurs témoins, a eu lieu devant le stand de la Coordination Rurale, rue du Dr Doillon, alors qu’il échangeait avec des agriculteurs. Le coupable ? Un lycéen de 17 ans, immédiatement interpellé par la Police Nationale de Vesoul et placé en garde à vue pour « outrage à personne chargée d’une mission de service public » et « violences sur personne chargée d’une mission de service public ».
Un acte qui résonne comme un symbole
C’est la deuxième année consécutive que Bardella est visé lors de cette foire. En 2024, un œuf avait été lancé contre lui à sa sortie de voiture. Cette fois, l’attaque est plus spectaculaire, plus médiatique, et surtout, plus symbolique. Une farine, ce n’est pas un œuf. C’est un geste qui évoque les rituels populaires de déshonneur, les farces de village, mais aussi les gestes politiques de contestation radicale. Le jeune homme, selon les premiers éléments, n’a pas crié, n’a pas agressé physiquement — il a simplement déversé le contenu d’un sac, comme s’il voulait effacer, nettoyer, purifier. Une image puissante, dans un contexte où le RN est donné favori pour la présidentielle de 2027.Le moment a été capté par une femme présente, et potentiellement par un ami du lycéen, selon L’Est Républicain. Les vidéos circulent déjà sur les réseaux, avec des commentaires aussi violents que les réactions. D’un côté, des soutiens qui dénoncent une « violence politique » ; de l’autre, des internautes qui voient dans l’acte une « juste réaction » face à un « leader de l’extrême droite ». Le parquet de Vesoul a confirmé que l’enquête est en cours, avec une attention particulière portée aux réseaux sociaux du suspect.
Un président en mode rock star… mais sous surveillance
Bardella, qui venait tout juste de quitter le Parlement européen à Strasbourg, avait fait une entrée remarquée à Vesoul. Sa visite, décrite par L’Est Républicain comme « digne d’une rock star », a attiré une foule nombreuse — bien plus que celle de Jean Messiha, son rival de Reconquête!, présent lui aussi sur les lieux. Il a salué les agriculteurs, échangé avec les commerçants, puis s’est arrêté au stand de la FDSEA avant de se diriger vers celui de la Coordination Rurale — là où tout s’est arrêté.Les agents de sécurité l’ont extrait en moins de trente secondes. Il a été conduit à son hôtel, où il a dû changer de vêtements. Son blouson, taché de farine, a été retiré. Le public attendait son signing à l’Hôtel du Nord à 17h. Il n’a pu y accéder qu’à 18h. À son retour, il souriait. Le même sourire, selon les témoins, que celui qu’il portait en arrivant à Vesoul. « Je ne vais pas laisser un gamin me faire peur », aurait-il dit à un proche.
Une réponse politique qui fait polémique
Deux heures après l’incident, dans un entretien avec un journaliste local, Bardella a qualifié l’auteur de l’attaque de « gamin de 16 ans » — alors que les autorités l’ont identifié comme âgé de 17 ans. Il a ajouté : « Probablement un manque d’éducation des parents. » Et puis, il a fait une comparaison historique, évoquant « des gestes de l’entre-deux-guerres » — sans préciser lesquels. Une allusion qui a intrigué les analystes. Est-ce une référence aux coups de poing contre les élus de la IIIe République ? Aux manifestations anti-dreyfusardes ? L’ambiguïté est volontaire, ou simplement imprudente ?Le Rassemblement National a annoncé qu’il déposerait plainte « dès que possible ». Une plainte qui pourrait être lourde de conséquences. Si le jeune homme est reconnu coupable, il risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Mais la communauté éducative locale s’indigne. « Ce n’est pas un délinquant, c’est un ado qui a eu un geste impulsif », a déclaré le principal du lycée où il étudie. « Il est calme, studieux, pas du tout radicalisé. »
Un pays divisé, une foire qui en dit long
La Foire de la Sainte-Catherine est traditionnellement un lieu de rassemblement populaire, où les élus viennent se mesurer à l’opinion locale. Cette année, elle est devenue un microcosme de la France en tension. Les agriculteurs présents ont été divisés : certains applaudissent Bardella pour ses promesses de soutien aux exploitations, d’autres le détestent pour ses positions sur l’immigration et la souveraineté alimentaire. Le geste du lycéen, aussi absurde qu’il puisse paraître, a réveillé des colères profondes.Et si ce n’était pas seulement un acte de haine, mais une forme de protestation désespérée ? Un adolescent qui, face à un discours politique qui le marginalise, choisit la farine comme arme symbolique — parce qu’il n’a pas de microphone, pas de tribune, pas de pouvoir. Une farine qui ne blesse pas, mais qui humilie. Qui défigure. Qui rend visible l’invisible : la fracture entre les élites et les jeunes.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Le jeune homme reste en garde à vue. Son avocat a été désigné. Une expertise psychologique est en cours. Le Rassemblement National va déposer sa plainte dans les prochaines heures. Le parquet doit décider si le cas est traité en procès rapide ou s’il faut une enquête plus approfondie. En attendant, les vidéos continuent de circuler. Et dans les rues de Vesoul, on murmure : « C’est la deuxième fois. Il va falloir qu’il arrête de venir ici. »Frequently Asked Questions
Pourquoi Jordan Bardella est-il ciblé à Vesoul chaque année ?
Vesoul est une ville de province où les tensions politiques se manifestent de façon visible. Le Rassemblement National y a une forte base électorale, mais aussi une opposition vive, notamment parmi les jeunes et les agriculteurs. La Foire de la Sainte-Catherine attire une foule mixte, idéale pour des gestes de protestation. L’année dernière, un œuf avait été lancé ; cette année, la farine. C’est devenu un rituel de contestation locale, presque symbolique.
Quelles sont les sanctions possibles pour le lycéen ?
S’il est reconnu coupable des chefs d’accusation retenus — outrage et violences sur une personne chargée d’une mission de service public — il risque jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Mais en pratique, pour un mineur de 17 ans sans antécédents, les peines sont souvent réduites : travail d’intérêt général, stage de citoyenneté, ou mise sous surveillance judiciaire. La plainte du RN pourrait toutefois alourdir la pression judiciaire.
Pourquoi Bardella a-t-il parlé d’un « gamin de 16 ans » ?
C’est probablement une erreur de précision, mais aussi une stratégie. En minimisant l’âge du jeune homme, il le rend plus « enfant », plus « naïf », moins responsable. Cela permet de dépolitiser l’acte : ce n’est plus un acte de haine idéologique, mais une faute d’éducation. Cette formulation sert aussi à éviter de le transformer en martyr. C’est du calcul politique, pas seulement une erreur.
Le geste de la farine a-t-il un précédent historique en politique ?
Oui. Dans les années 1930, des manifestants jetaient de la farine ou des œufs sur des politiciens considérés comme des traîtres. En 2019, un élu du FN à Marseille avait été arrosé de farine lors d’un meeting. En 2022, une députée LREM avait été recouverte de poudre blanche à Toulouse. Ce geste, bien qu’apparenté à une farce, est toujours un acte de déshonneur public. Il ne vise pas à blesser, mais à effacer la dignité de la personne visée — ce qui le rend particulièrement troublant dans un contexte démocratique.
Comment cette affaire pourrait-elle influencer la campagne de 2027 ?
Si le jeune homme est condamné, le RN pourra le présenter comme une victime de la « violence de l’extrême gauche ». S’il est relâché ou bénéfice d’une peine légère, les opposants diront que la France tolère la violence contre les élus. Le fait que Bardella soit donné favori pour 2027 rend cet incident stratégique. Il peut devenir un symbole : soit de la dégradation du débat public, soit de la résilience d’un leader face à l’adversité. Le résultat dépendra de la manière dont les médias et les réseaux sociaux racontent l’histoire.