Bonjour, qu’est ce que je vous sers ? Derrière son guichet la serveuse affiche le regard volontaire de l’aspirant au titre du « collaborateur de la semaine ». Face à elle une jeune femme minaude en regardant au plafond « Big-Macs » et autres Caesar salades allégées. Je suis là, dans ce fast food surpeuplé à attendre mon tour… Que faire sauf à regarder le monde ? Alors je regarde et je m’étonne.
Je m’étonne de voir que l’essentiel de la clientèle semble être constituée de lycéens voire, collégiens. Je suis intéressé par les facilités de paiements sponsorisées par la RATP ou bien la Région Ile de France. Je suis amusé par les slogans « manger et bouger » qui donne à cet improbable ensemble un semblant de moralité.
Il fut une époque où ces adolescents se nourrissaient ou bien au réfectoire ou bien à leur domicile. A cette époque, la communauté finançait des cantines. Correctement administrées, ces dernières se fournissaient sur un marché local voire régional. Malgré une fonction clairement « utilitaire, les menus parvenaient malgré tout à être relativement diversifiés tout en étant socialement égalitaire. Les enfants étaient maintenus dans un milieu maîtrisé où la cantine pouvait leur apprendre à se nourrir de la même manière que les classes devaient leur apprendre à vivre.
Aujourd’hui, nous avons laissé le droit aux jeunes de vivre une expérience nutritive enrichissante... Pour le business... Ils peuvent profiter de leur pause déjeuner pour se goinfrer d’hamburgers et autre saucisses frites. Ils peuvent utiliser le pouvoir d’achat de leur parents à leur guise et osciller entre Quick, Mac Donald et autre Kebab le tout au gré des modes et des petits cadeaux marketing qui leur sont distribués. Et si l’argent vient à manquer ? « Pass Navigo » et cartes « Imagin R » leur permettrons de se joindre à la fête à moindre coût… même les Chèques restaurant sont acceptés !
Quel dommage pour celui qui n’a pas les moyens ! Ringardisé dans sa petite cantine grisâtre, il devra mâchonner une laitue, apprécier un « carottes–vapeur - blanc de poulet » en attendant un honteux yaourt nature. Frustré d’une telle disgrâce, il mettra tout en œuvre pour rejoindre de temps en temps ses comparses au fast food afin d’avoir le droit de citer à la reprise de cours.
Pour le reste, que l’on ne s’inquiète pas trop de ces bourrelets disgracieux où de ces vêtements bien distendus par ces tissus chargés de graisse ; la bienveillante assurance sociale veille sur le bien être de ces jeunes valeureux consommateurs !
Tout va bien dans le pire des mondes.
Derniers Commentaires